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mercredi 27 juillet 2016

Accompagner les colères des enfants


Quand notre enfant entre dans une colère, nous pouvons :

- nous concentrer sur notre amour pour lui,
- nous rappeler que ce qui vient de lancer la colère est un prétexte pour qu’elle puisse sortir et que cela va lui faire du bien,
- le mettre dans un espace où il ne peut ni se faire mal, ni faire mal à un autre, ni abimer du matériel,
- rester dans la même pièce que lui pour qu’il puisse au minimum nous voir,
- rester très proche de lui s’il risque de se faire mal, s’il est très jeune, si nous en ressentons le besoin,
- l’entourer de nos bras si cela nous semble adapté en lui laissant la possibilité de bouger,
- lui dire quelques mots pour lui exprimer qu’il peut se décharger de sa colère, que nous sommes là, que nous l’aimons,
- s’il nous tape, lui tendre nos mains pour qu’il frappe dedans, si ceci est insupportable : prendre un coussin dans nos mains,
- bien respirer, rester dans l’accueil tant que nous pouvons,
- trouver un relais si nous ne tenons plus, en l’absence de relais lui exprimer que nous ne pouvons plus accueillir son émotion et que nous choisissons de le distraire, ou de nous éloigner un peu tout en restant en contact visuel,
- trouver une écoute empathique pour nous permettre de lâcher nos propres émotions, ce qui augmentera notre capacité d’accueil et travailler sur nos blessures.

Il y a des choses que nous pouvons être tentés de faire qui ne respectent pas l’écoute de son émotion. Si nous les faisons, soyons conscients que cela implique que l’émotion n’est plus accueillie.
- le distraire en parlant, en jouant, en chantant, en le chatouillant, en lui proposant à manger…
- lui poser des questions,
- lui demander de faire un choix,
- lui donner un doudou.

Dans tous les cas, évitons les paroles blessantes, humiliantes, les jugements, le chantage, la comparaison, la menace.



dimanche 29 mai 2016

A l'écoute des enfants de Patty Wipfler

Cet excellent ouvrage est à télécharger gratuitement ici.

Clair, précis et très pratique !

Il éclaire parents et professionnels sur la nécessité d'accueillir les émotions des enfants et sur la manière de la faire.

lundi 23 mai 2016

Conférence de Brigitte Guimbal sur les émotions des enfants



J'ai eu la joie d'assister ce dimanche à Saillans à la conférence de Brigitte Guimbal du magazine PEPS. Voici ce que j'en ai retenu. Ceci écrit avec mon filtre et ne reprenant pas ses mots directement.

L’enfant a besoin d’évacuer ses émotions (chagrin, colère, frustration, peur).
Pour cela, il a besoin d’être écouté par un adulte, avec empathie, sans intervention, sans jugement, sans intellectualisation, juste permettre que ça sorte en se sentant en sécurité, avec un contact au moins visuel, et jusqu’au bout des pleurs, des cris.

Pour écouter des pleurs, prendre l’enfant dans ses bras ou rester à côté prêt à le faire.
Pour écouter la colère, laissez taper l’enfant dans vos mains ou dans un coussin que vous tenez, laissez-le exprimer des cris, des paroles « agressives ».
Pour écouter la frustration d’un enfant, écoutez-le, reconnaissez sa frustration, ne cédez pas pour qu’il puisse aller au bout de l’émotion.

Pour permettre à un enfant d'accéder à la décharge, le jeu est une bonne porte d'entrée (voir le livre "Développer le lien parent-enfant par le jeu" d'A. Solter).

Un enfant qui bloque ses émotions dépense de l’énergie pour les retenir et construit des mécanismes de contrôle et des stratégies de survie.

Quand un événement vient réveiller une blessure dont l’émotion n’a pas été évacuée, le mécanisme de contrôle peut lâcher et les émotions se déverser, et alors paraitre démesurées face à la situation présente.

Quand le trop-plein d’émotions refoulées est important l’enfant est perturbé dans son développement. S’il peut lâcher ses émotions en étant écouté, il retrouve ses capacités.

L’enfant qui n’est pas écouté avec empathie dans ses émotions perd sa capacité d’empathie.

Un enfant laissé seul quand il exprime une émotion se sent abandonné, perd confiance en ses ressentis et en l’adulte.

Dès la naissance, le bébé a besoin de pleurer sans être empêché de le faire et sans être abandonné à ses pleurs.

Un enfant qui décharge ses émotions au fur et à mesure est joyeux et peut mettre en attente des émotions jusqu’à ce qu’une personne soit disponible pour l’écouter.

L’enfant ne pleure pas car il est fatigué, il pleure car, fatigué, il n’a plus assez d’énergie pour retenir ses émotions refoulées.

Un enfant qui a pris l’habitude de refouler va décharger longuement et fréquemment quand il va commencer à être écouter, pour rattraper le retard. L’aide d’un professionnel peut être nécessaire si les mécanismes et les stratégies sont bien inscrites.

L’enfant ne fait pas de caprices ou n’agit pas sciemment pour embêter l’adulte, il réagit en fonctions de ses blessures, mécanismes de contrôle et stratégies. Il montre un besoin de décharger ses émotions.

Un adulte a besoin d’évacuer ses émotions refoulées pour pouvoir écouter sereinement celle des enfants.




lundi 25 janvier 2016

Une préparation du 3ème type pour accompagner les enfants et adolescents dans des lieux éducatifs

Un jour viendra où je proposerai cela :

Le recrutement se fait sur lettre de motivation et entretien, il est ouvert à toute personne majeure.
Les responsables sont des personnes expérimentées des lieux éducatifs du 3ème type, dont un coordinateur sur place.
La préparation se fait sur trois ans. Le tarif pour les étudiants est le plus bas possible.

Première année :
Les responsables de la préparation préparent un local avec une bibliothèque bien fournie, des espaces de travail et des espaces conviviaux. Plusieurs abonnements à des magazines éducatifs ou sociétaux sont souscris.
Le local se trouve sur un lieu éducatif du 3ème type ou à proximité.
Les étudiants ont pour objectif collectif de préparer un projet qui se réalisera en juin.
Chaque étudiant est auteur de sa préparation et mène ses recherches, liées à sa préparation personnelle et au projet collectif, aidés par les autres étudiants et les responsables.
Chaque jour, un temps de réunion permet de mettre en place des activités et des projets, d’organiser l’espace et le temps, d’échanger sur les travaux de chacun. Le coordinateur est présent lors de ces temps de réunion.
Les responsables de la préparation sont disponibles pour accompagner les étudiants sur place ou à distance.

Deuxième année :
La première semaine se passe en vie collective en plein air, elle est préparée en première année. Les deux derniers jours sont festifs et partagés avec des invités.
Chacun part en exploration pour l’année, en France et/ou à l’étranger afin de nourrir sa réflexion et son expérience autour de l’enfance, avec un appareil photo et des carnets. Les personnes qui ne peuvent voyager pour des raisons personnelles trouvent un projet lié à l’enfance dans lequel s’immerger pendant l’année.
Un site internet permet de suivre les aventures de chacun et d‘échanger.
La dernière semaine se termine, comme la première, en vie collective en plein air avec un moment festif ouvert.

Troisième année :
Chacun écrit un mémoire.
Comme en première année, une réunion quotidienne, avec la présence du coordinateur, orchestre la vie du groupe et l’avancée des travaux. Les responsables sont disponibles auprès des étudiants pour accompagner leur écriture.
L’ensemble des mémoires constitue un livre auto-édité.
La préparation se termine par une fête, ouverte au public, organisée par les étudiants. Ceux-ci font une présentation, dont la forme est libre, de leur préparation, de ce qu’ils ont vécu et de ce qu’ils souhaitent mettre en place par la suite.

A l’intérieur de ce cadre sur trois ans, la forme est libre, chaque groupe est auteur de sa préparation et est à l’initiative de ce dont il a besoin : intervenants, stages…

vendredi 22 janvier 2016

Cadre

Comme dans tous lieux où l’on vit à plusieurs, il existe un cadre dans notre école associative du 3ème type. Le respect de ce cadre permet que l’on puisse vivre ensemble et permet aux adultes de créer un espace propice aux apprentissages.
Ecouter les consignes, ranger le matériel collectif et les affaires personnelles, respecter l’activité de chacun, parler et agir avec respect…
Dans un système classique, le cadre auquel sont habitués les enfants les amène à la docilité, ils doivent obéir sans pouvoir participer à l’organisation du lieu dans lequel ils vivent. Ils ont très peu de droits. Ils ne peuvent que peu exprimer qui ils sont. Le cadre est d’ailleurs alors simplissime : rester assis, se taire et obéir, sinon c’est la sanction et à force de sanction c’est le confinement dans une « case » réservée aux enfants d’un même « trouble ».
Dans notre fonctionnement, les enfants ont plus de droits : ils peuvent parler et circuler librement dans la limite du respect des activités de chacun, ils peuvent réfléchir à l’organisation et prendre des décisions, ils peuvent choisir leurs activités. Tout ceci dans un cadre non négociable, la forme est libre, pas le cadre. Avec tous ces droits, ils peuvent exprimer qui ils sont. Ils peuvent tout aussi bien adopter des comportements constructifs que montrer des attitudes liées à l’énervement, la colère, la violence. Ceci montre leur souffrance, leurs blessures. Une observation « en surface » fait dire « ils manquent de cadre ». Et s’ils manquaient plutôt d’écoute et d’empathie pour pouvoir exprimer leurs émotions réprimées ?
Beaucoup d’enfants qui ont connu l’école traditionnelle, dite avec un « cadre », ont des colères et des chagrins enfouis qui peuvent surgir dans notre école. Pour apporter une réponse adéquate, nous avons besoin d’adultes qui sachent accompagner les enfants avec une ferme douceur et sachent observer pour adapter son accompagnement à chacun. Certes, quand les tensions internes sont trop grandes et que la violence est forte, notre petite structure ne peut seule accompagner avec justesse les enfants.
Pour revenir au cadre, dans un système systémique comme le nôtre, le cadre est complexe, ce qui n’est pas équivalent de compliqué. Bouger, choisir ses activités, utiliser du matériel demandent une organisation qui nait à la fois du cadre initial posé par les adultes et des échanges en réunion quotidienne.
Par exemple, la simple phrase de départ « je range le matériel » fait naitre des discussions plus précises, en réunion, comme par exemple : Que se passe-t-il si, quand j’ai terminé une activité, d’autres enfants continuent d’utiliser ce matériel ? Est-ce le dernier qui reste qui range tout ? ou est-ce que toux ceux qui ont participé doivent revenir ranger quand le dernier a terminé ? Et que se passe-t-il si ceux-ci sont en pleine activité ? Le cadre initial se décline au fur et à mesure des besoins en règles plus précises, qui ne dureront que le temps où elles auront un sens.
En ce qui concerne l’agitation qui peut être observée les premières semaines suivant l’ouverture, il semblerait qu’un trop plein d’énergie retenu dans un système plus classique, se déverse comme le flux torrentiel d’une rivière dont on lève le barrage. Une fois ce trop plein écoulé, le débit peut devenir fluvial et en accord avec l’énergie de chacun.
Le cadre apporté par les adultes peut être comparé à une poche placentaire qui enveloppe en douceur l’enfant et grandit avec lui.
Le cadre classique étroit et rigide fait des naitre du stress qui induit des troubles du comportement et des troubles des apprentissages. Comme le montre une étude, en l’absence de stress, tous les troubles et déficits, sur-diagnostiqués aujourd’hui, n’existent plus. Les étiquettes ainsi collées ont un effet Pygmalion désastreux.
Dans notre structure, nous gardons en tête l’envie de ne pas nuire aux enfants et cherchons à adapter nos réponses au plus juste. C’est un jeu d‘équilibriste, tellement les enfants que nous accueillons ont connu des cadres différents précédemment, complexe et passionnant.