Depuis décembre 2014, me voici maman.
Comme je m’en doutais, l’arrivée de ce petit bonhomme me fait investiguer un
nouveau vaste champ d’étude : être parent. Ma recherche consiste à
comprendre les bébés et répondre à leurs besoins afin qu’ils se développent en
restant en lien avec leur être, leur source, leur élan vital. La question est
immense, les apports multiples, je me contente ici de donner les noms et de
décrire succinctement les enseignements et approches qui m’éclairent sur ce chemin.
Projections
Les enseignements de JV Balga
m’apportent dans la conscience de ce que je peux projeter sur lui et induire
dans ses attitudes et comportements qui le couperaient de lui-même. Le bébé a
besoin par-dessus tout de l’amour de ses parents et il est prêt à renoncer à
son comportement naturel pour adopter leurs déformations, il met alors en place
des systèmes de survie qui le mutilent. Heureusement, nous pouvons gagner en
conscience, nous débarrasser de nos déformations et soulager nos enfants de
tout ce qu’on ne leur transmettra pas de « mutilé, déformé, à côté de nos
pompes ».
Pleurs
Les livres d’Aletha Solter sont
une mine d’or. Grâce à elle, je viens de comprendre que mon bébé n’a pas de
difficulté à s’endormir mais qu’il a des difficultés à exprimer ses émotions,
c’est à dire à pleurer pour se décharger puisque nous ne lui en laissons pas l’espace.
Savoir que des parents laissent leurs enfants dans la détresse, en pleurs, seul
dans leur chambre m’attriste fortement. J’estime que cette situation est grave,
très grave (allez regarder cette vidéo de Catherine Guéguen). J’ai d’abord pris le contrepied total de cette réaction et j’ai
fait tout mon possible pour ne pas laisser mon bébé pleurer. Bilan : il a
mis en place deux « automatismes de contrôle » : téter et se
promener, puisque que c’est ce que je lui proposais quand il commençait à
pleurer. Ainsi, il ne pleure plus mais devient dépendant de ces deux
situations, il apprend surtout à réprimer ses émotions. Gros dégâts pour la
suite là aussi. Heureusement je suis « tombée » sur le livre « Pleurs et colères des enfants et des
bébés ». J’ai compris qu’il existe une troisième manière de répondre
(ou un troisième type de réponse !) aux pleurs d’un bébé dont tous les
besoins immédiats sont assouvis : accueillir ses pleurs et l’accompagner
avec une écoute active. Pour ce faire, je le prends sur mes genoux, je me
concentre sur l’amour que je ressens pour lui, je lui parle doucement pour le
rassurer de ma présence, de ma protection, je lui dis qu’il peut pleurer, que
je l’écoute, je lui caresse le visage, la tête ou la main, je capte son regard
et lui demande de me regarder. Ainsi il peut se décharger du « passé »
et s’en libérer définitivement. Bien sûr accompagner ses pleurs renvoie à nos
propres émotions refoulées de la prime enfance, et là, je suis bien contente du
travail de guérison fait avant son arrivée, même si bien sûr ce n’est jamais
terminé.
Motricité
Les travaux d’Emmi Pikler,
pédiatre à Loczy en Hongrie font
connaitre la motricité libre. Elle estime que « l'enfant
qui suit son rythme propre et fait ses propres expériences, est capable de
mieux apprendre à s'asseoir, se mettre debout, marcher, jouer, parler,
réfléchir, etc. que celui que l'on incite à atteindre les différents stades de
développement que les adultes estiment correspondre à son âge. » Cela
signifie que l’on n’installe pas un enfant dans une position qu’il ne sait pas
encore prendre et quitter seul, par exemple on ne pose pas un bébé en position
assise avant qu’il n’ait lui-même acquis cette position car il se retrouverait
dans une position qui ne correspond pas encore à sa musculature, il devrait
chuter pour quitter la position, il ne serait pas en train de développer la
musculature appropriée à son stade de développement et il ne se sentirait pas
« capable ». Cela induit également de ne pas lui faire faire des
mouvements, de ne pas hâter son développement, de ne pas utiliser de trotteur.
Il s’agit pour les parents « de
respecter son rythme individuel et de lui assurer, dès le début, la possibilité
de prendre des initiatives, de se mouvoir librement et de jouer à sa
guise. » C’est la motricité du 3ème type ! L’adulte
aimant et bienveillant permet le développement moteur naturel de l’enfant, il
ne casse pas son élan et lui aménage un espace qui permet la liberté et la
découverte. Il accompagne l’enfant par sa présence, il l’observe et verbalise
les actions de l’enfant.
Couches
Après l’écoute des émotions
et la motricité du 3ème type, les couches du 3ème
type ! L’hygiène naturelle infantile ou HNI part du postulat que le bébé
est conscient de son élimination dès sa naissance. Si l’adulte est attentif et
écoute ses manifestations (gazouillis, expressions du visage, mouvements…), il
reconnait le moment où le bébé a besoin d’éliminer. Il le déshabille, le tient
confortablement au-dessus d’un pot, d’un lavabo ou d’une bassine et lui permet
de faire pipi ou caca. Au moment où le bébé fait, l’adulte associe un son, par
exemple « psittt ». Les grands joueurs parviennent à se passer de
couches (voir le livre « Sans couche
c’est la liberté » d’Ingrid Bauer). Nous expérimentons l’HNI avec
notre bébé depuis sa naissance et ça marche ! D’ailleurs si ça ne marchait
pas, comment ça se passerait dans les pays où l’on n’utilise pas de
couche ? Petits joueurs, nous utilisons aussi des couches lavables. Une
quantité importante de ses besoins sont faits dans la bassine en journée.
Ainsi, il ne reste pas ou très peu de temps dans une couche souillée. Il n’a
pas continuellement une couche, il peut découvrir son corps et être plus libre
de ses mouvements. En effet les couches lavables gênent la motricité libre à
certains moments clés du développement (le retournement par exemple). En
anglais, l’HNI s’appelle « communication elimination », il s’agit
bien de cela : communiquer avec son enfant sur son élimination. Qu’il est
agréable de se comprendre ! Je fais l’hypothèse que cette écoute des
besoins favorise le développement émotionnel et relationnel de l’enfant, que
cela l’aide à construire une image positive de lui et un rapport de confiance.
Alimentation
Alimentation
L’approche de la
diversification alimentaire menée par l’enfant ou DME me semble aussi répondre
aux besoins de l’enfant : il apprend à saisir les aliments (fruits bien
mûrs et légumes cuits à la vapeur en forme de frites pour commencer), à les
mâcher même avec ses rares petites dents, à régurgiter les morceaux trop gros.
Il découvre « en vrai » les aliments, non mixés et mélangés. Il est
capable de porter à la bouche lui-même et de choisir les aliments dont il a besoin. Cela a été compliqué pour moi dans
un premier temps. Il est nécessaire de dépasser sa peur quand il prend de trop
gros morceaux. En fait, il apprend vite si on lui fait confiance. Il est aussi
important d’assumer cette approche, vis-à-vis des proches, qui peut être
déconcertante tant nous sommes habitués à voir des bébés nourris à la cuillère
avec compotes et purées.
Contact et chaleur
Je conseille la lecture du
livre de Jean Liedloff « Le concept
du continuum » qui nous invite, entre autres, à dépasser les
préjugés et laisser poussette et berceau au profit d’écharpe ou
porte-bébé et de cododo.
Jeu
Le bébé souhaite découvrir tout
ce qui l’entoure. Nous aménageons un espace qui lui permette de se déplacer
librement et de jouer avec divers objets qui ne sont pas « des
jouets ». Nous n’interrompons pas son jeu.
De la même manière que j’ai
remis en cause les programmes, les manuels, les notes, les devoirs dans ma
classe, je remets en cause les tétines, les landaus, poussettes, berceaux,
transats, parcs et autres récipients à bébé, les couches, les petits pots, les
pleurs abandonnés ou empêchés avec mon bébé.
Je choisis de porter mon bébé ou
de le poser au sol, d’accompagner ses pleurs, de l’allaiter sans penser à une date
de sevrage, d’écouter ses signes de besoins d’élimination et de le tenir au dessus
d’une bassine, de le laisser jouer avec tous les objets non dangereux, de lui proposer
des aliments « entiers », de le faire dormir en cododo. Je fais de mon
mieux avec ces approches, j’ai pour certaines connu des difficultés et pour toutes
j’en retire satisfaction, je souhaite les faire découvrir sans juger ceux qui ne
les adoptent pas.
La confiance dans le développement naturel des
apprentissages des enfants, la posture consciente et bienveillante des adultes
qui les accompagnent et la recherche praticienne permanente m'apparaissent comme les clés du
développement d’êtres équilibrés en lien avec leur enthousiasme et leur
singularité.
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