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mercredi 6 février 2013

Mal d'école

Je relaie une lettre ouverte de Bernard Collot suite à l'expulsion de sa classe d'un instit motivé et compétent par son inspecteur car des parents n'appréciaient pas sa manière différente d'enseigner.
Je regrette comme Bernard, que le dialogue entre enseignants et parents soit toujours si limité, une réelle communication éviterait qu'une minorité d’insatisfaits puisse gâcher un travail honorable de recherche de pratiques pour que tous les enfants se sentent bien et apprennent. 

Lettre ouverte aux parents d’élèves de l’école de L. et à la hiérarchie de l’Education Nationale
 Je viens d’apprendre avec stupéfaction ce qui vient d’arriver à N. R. Stupéfaction et immense colère.
Colère vis-à-vis d’une hiérarchie stupide, incompétente voire criminelle.
Stupide parce qu’il suffit qu’une minorité de parents jugent que « ce n’est pas comme cela qu’il faut faire l’école » pour qu’elle obtempère avec le prétexte d’une inspection. Que fera-t-elle demain si d’autres parents demandent le renvoi de son remplaçant avec d’autres jugements ?
Incompétente parce qu’incapable de chercher à comprendre les fondements d’une autre pratique alors même qu’il est devenu de notoriété publique que l’école actuelle est dans une impasse dont tous les enfants subissent les conséquences.
Incompétente même au regard du droit du travail où aucun licenciement, sanction, déplacements d’office ne peut avoir lieu hors des procédures légales. C’est inacceptable dans toute entreprise et cela conduirait leurs auteurs devant les tribunaux. C’est d’autant plus grave qu’il n’y a pas de faute professionnelle qui aurait mis des enfants en danger.
Criminelle au regard des conséquences que peut avoir toute attitude brutale et inconsidérée dans l’exercice d’un pouvoir qui détruit alors les personnes sur lesquelles il s’exerce. Les faits divers sont remplis de ces conséquences humaines parfois dramatiques.
Mais je suis aussi en colère vis-à-vis de ces parents qui au lieu de discuter, de chercher à comprendre eux aussi, vont d’abord se plaindre, parfois dénoncer comme au temps de l’occupation et de la collaboration. Je le suis d’autant plus que justement ils avaient un professeur qui demandait le dialogue. Savent-ils qu’il passait plus de douze heures par jour dans sa classe ou pour sa classe, une bonne partie de ses WE, de ses vacances ? A l’heure où les mêmes fustigent les enseignants qui ne veulent pas perdre leurs mercredi matin ! Savent-ils que ses pratiques découlent de plus d’un siècle d’expérimentations, d’échanges entre des centaines d’autres enseignants et ont toujours démontré leur efficience ?
J’ai été voir un soir N. dans sa classe. J’ai été époustouflé par son travail, par son souci des apprentissages et de l’intérêt des enfants, sa recherche à composer avec l’attente des parents, sa recherche continue dans l’amélioration de ses pratiques.
J’ai été époustouflé par son enthousiasme. J’ai même craint pour lui son trop plein d’enthousiasme. Parce que c’est finalement ce qui fait peur. Comment, vous parents, allez-vous reprocher aux enseignants de se comporter en simples fonctionnaires puisque c’est ainsi qu’ils auront la paix ? Et puisque leur hiérarchie leur demande d’être de simples fonctionnaires et non des éducateurs.
Je suis en colère de voir que dans l’école et autour de l’école les adultes n’arrivent même pas à se comporter en adultes. S’il n’y avait pas les enfants en jeu, je dirais que vous n’avez que l’école (et la société) que vous méritez !
Bernard Collot, un ex instituteur en colère.

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