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lundi 27 février 2012

autonomie, socialisation

Mon dernier article sur la liaison CM2-collège et la lecture du livre de Bernard Collot "L'école de la simplexité" me fait creuser l'idée d'autonomie et me fait remonter une vive critique de la vision de l'autonomie dans l'Education nationale et de son non questionnement par les enseignants, par les parents.

Qu'est-ce que les profs entendent par "des élèves autonomes" ?
Des élèves obéissants, qui font sagement, sans bruit, sans communiquer avec les autres, la liste d'exercices sélectionnée par l'enseignant, qu'ils comprennent seuls la consigne et puissent répondre sans rien demander à qui que ce soit. 
Autonomie ? non docilité.

L'autonomie, c'est plutôt savoir se construire un système de règles qui vont permettre de rendre possible des actions dans un environnement donné, c'est appliquer, remettre en question, retoucher ce système de règles en fonction des expériences, des observations.
Pour des élèves autonomes, se retrouver au collège dans un système de règles établi par l'enseignant, non discutable, c'est s'adapter à un fonctionnement sans liberté. C'est assez simple à comprendre, pour ne pas avoir de souci, il faut appliquer ce que demande le prof, ne pas réfléchir, obéir. C'est pour certains survivre à l'ennui, survivre aux autres.C'est, pour d'autres, tout simplement impossible et alors c'est la rébellion.

Je ne prône pas un fonctionnement où chacun fait ce qui lui plait mais un fonctionnement où le groupe se réunit, et réfléchit au fonctionnement, établit des règles qui vont permettre que chacun puisse faire des activités dans des conditions adaptées, les remet en cause si besoin, les fait évoluer. 
Comment gère-t-on le matériel de peinture ? Comment organisons-nous l'espace ? Comment organisons-nous l'atelier mécanique pour que chacun puisse y travailler ?
Les règles n'ont pas à être appliquées pour faire plaisir au maître, pour sa tranquillité mais pour l’intérêt de chacun. Les règles ne sont pas liées à l'adulte mais à la vie du groupe.

Bien sûr, le rôle du maître n'est pas nul, n'est pas neutre pour autant, il apporte la sécurité morale et physique. Il veille à ce que le groupe ne prenne pas de décisions injustes, il participe activement à la reconnaissance de chacun, il agit pour mettre en place un fonctionnement qui va permettre la multitude des actions qui vont permettre le développement des apprentissages, ou plutôt des langages, au sens où l'entend Bernard Collot. Il enrichit le groupe de son expérience, de son vécu, de ses savoirs...

En fait, ce qui me semble intéressant c'est qu'il y ait une vraie vie de groupe : des individus qui interagissent et dont émane une intelligence nettement supérieure à la somme des intelligences de chacun et non un ensemble d'individus les uns à coté des autres, en concurrence, un "troupeau". 
Socialiser n'est possible que si cette vie du groupe existe sinon chacun ne fait que survivre à la présence des autres, il n'apprend pas à vivre avec les autres mais malgré les autres.


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